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Symon, jeune berger va faire connaissance d'un enfant... voilà l'histoire du Noël de Symon.
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La nuit venait sur les collines de Bethléem. Les feux des bergers commençaient à briller dans les ravines protégées du vent et l’on entendait des airs de flûte, des rires et des voix qui habitaient la nuit. Puis, peu à peu, le silence s’installait, l’heure arrivait des contes et des souvenirs. Les plus vieux disant, les plus jeunes suspendus à leurs lèvres.
Mais cette année là quelque chose avait changé car ce fut un jeune garçon qui prit la parole et personne, ni jeune ni vieux ne l’interrompit.
La nuit était tombée et nous les bergers avions allumé le feu du soir pour prendre notre dernier repas. Il faisait frais et nous nous réchauffions en tendant nos mains aux flammes. Mon oncle Jacob racontait des histoires de l’ancien temps et, emmitouflés dans nos manteaux, nous écoutions avec attention car mon oncle est un fameux conteur. |
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Quand il eut terminé, je me levais pour chercher l’outre d’eau et c’est alors que je vis la lumière. La grange du vieil Aaron près de Bethléem était éclairée. Je tendis le bras sans rien dire alors Jacob dit :
« Allons voir comment il se fait qu’il y ait de la lumière dans cette vieille grange vide. »
Nous avons pris nos bâtons pour monter jusqu’à la crête. J’étais le plus jeune et mon oncle m’appelait « la chèvre » parce que j’étais capable d’aller dans les endroits les plus escarpés pour récupérer une brebis égarée ou un jeune agneau imprudent. C’est ainsi que j’arrivais le premier. A l’intérieur j’entendais des murmures, des petits rires doux et comme des suçotements.
Doucement, nous avons ouvert la porte et je les ais vus. La belle dame et son mari, un grand bonhomme costaux. Ils ont levé les yeux et nous ont regardés. Ils n’avaient pas l’air effrayés par notre troupe. Le grand costaux a souri et d’un geste de la main nous a fait signe d’entrer : « Venez, voyez le fils qui nous a été donné et réjouissez-vous avec nous »
C’est alors que je l’ai vu, le tout petit enfant dans les bras de sa mère. C’était plus fort que moi, je me suis approché tout près, si près… je regardais son petit visage paisible. Mon oncle Jacob me tira en arrière alors la belle dame sourit, son mari se pencha, prit l’enfant et le posa dans mes bras.
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J’en tremble encore et les larmes me montent aux yeux. C’était comme si toute la douceur, tout l’amour du monde reposait contre mon cœur. Je le serrais contre moi et il ouvrit les yeux. Il me regardait et j’avais envie de rire et de pleurer en même temps, il me regardait comme personne avant lui. J’avais l’impression qu’il me disait : « Je suis heureux d’être dans tes bras, j’ai confiance en toi, j’aime tes mains fortes et douces de berger. » J’avais l’impression de tenir un agneau nouveau-né dans mes mains. Ces agneaux si fragiles qu’il faut les porter quand le troupeau se déplace. J’avançais mon doigt pour caresser sa main et il le serra très fort comme s’il comptait sur moi. Alors je murmurais à son oreille : « Si un jour, tu as besoin de moi, je serai là pour toi. » Et je le berçais doucement ma joue contre sa joue. Son père reprit l’enfant dans ses bras et je restais là plein de bonheur dans la tête et dans le cœur.
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Et ils vinrent tous : Jacob avec un bol de lait tout frais pour la maman, Nathan avec une jolie peau toute douce pour l’enfant, Caleb avec un mouton de bois sculpté, le vieux Noé avec un de ses solides bâtons si bien polis, Eli et zacharias avec une outre de vin que, j’en suis sûr, ils avaient chipée quelque part, Benjamin les pains qui restaient de notre repas. Et d’autres encore dont je ne me souviens pas. Nous sommes restés dans la chaleur de cette grange jusqu’au matin. Puis l’oncle Jacob a fait signe qu’il fallait retourner s’occuper de nos troupeaux et nous sommes redescendus. Mais nous le savons, nous qui étions là bas cette nuit. C’était une nuit différente, une nuit lumineuse, une nuit sainte, la nuit de Dieu.
Aucun de ceux qui étaient montés n’a jamais oublié. Et quelque chose a changé en nous comme si la paix de cette nuit avait remodelé notre cœur.
- Et tu les as revus ?
- Non, il a fallu partir pour un autre pâturage et quand nous sommes revenus ils étaient partis. Mais, moi, je redis encore, foi de Simon de Cyrène, si un jour, il a besoin de moi, je serai là.
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